LES DERNIERES NOUVELLES
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QUOTAS D’EXTRACTION EN 2024
Les quotas d’extraction: rappel
Dans un de notre article du 10 novembre 2023, nous expliquions ce qu’étaient les quotas d’extractions:
Les autorisations d’installation de carrières dans les lits majeurs des fleuves et rivières obéissent à des normes. Elles sont définies au niveau régional et déclinées ensuite au niveau départemental. Les autorisations reposent sur des critères que l’on appelle des « quotas » et qui définissent la quantité de granulats extractibles par an et par région (puis par département). En région Centre-Val de Loire, à la fin des années 90, l’état de surexploitation de certaines vallées de la région a conduit les services de l’État à fixer, en concertation avec la profession, un objectif annuel de réduction des extractions en lit majeur. Depuis 2010, cet objectif est inscrit dans le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) Loire-Bretagne. Plus précisément, la disposition 1F-2 du SDAGE 2016-2021 prévoit une réduction progressive des extractions d’alluvions dans les lits majeurs, de 4 % par an. (Cf Observatoire régional des carrières Région Centre) Or, les quotas d’extraction sont dépassés dans le Loiret pour 2023 et donc aucune carrière de granulats alluvionnaires ne peut avoir d’autorisation d’exploitation en 2023.
Et en 2024 ?
En 2023, rien ne laissait entendre que la situation serait la même pour 2024. Chaque année est diffusée sur cette page les quantités d’extraction de granulats autorisées par les préfets antérieurements aux directives du SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) Loire-Bretagne et elles sont comparées aux quotas d’extractions imposés par le SDAGE. En 2024, pour le Loiret, les quotas d’extraction sont dépassés, la préfecture du Loiret ne pourra donc pas autoriser l’exploitation de nouvelles carrières ou d’extension.
Extrait du PDF, disponible via ce lien (département du Loiret pour 1er Janvier 2024)
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LETTRE D’INFORMATION #2
Si vous n’êtes pas inscrit à notre lettre d’info, il est toujours possible de le faire. Vous trouverez ci-dessous la lettre d’information du 16 Novembre 2023
Bonjour à toutes et tous,
Lors de notre précédente lettre d’information, notre principale préoccupation était que la demande du changement de PLUi par la mairie de Briare à la communauté de commune n’ait pas lieu. C’est chose faite. Nous avons assisté à un revirement de situation pendant le dernier conseil municipal en apprenant que le projet Lafarge était retoqué pour 2023 et probablement pour cette mandature. Nous avons récapitulé les raisons de cette nouvelle situation, dans cet article.
Vous y lirez également que nous en sommes venus à la conclusion qu’il nous fallait rester vigilants, car Lafarge est toujours propriétaire des terres de Rivotte et est loin d’être un enfant de coeur. Nous avons aussi découvert qu’il existait plus d’une trentaine de luttes contre des carrières et des mines en France que nous avons listé sur cette carte. Il nous semble donc judicieux de garder un oeil attentif sur la situation.
Suite au conseil municipal, nous avons pu (enfin ?) rencontrer M. Bouguet, Maire de Briare pour présenter le collectif. Il nous a confirmé qu’il était personnellement contre ce projet. Vous trouverez plus de détails sur cette rencontre ici.
Vous êtes presque 80 à lire cet e-mail. 80 citoyens, mobilisés contre un projet néfaste à Briare, néfaste à la Loire et à l’environnement. Nous sommes convaincus que nous pouvons avoir un impact sur la vie locale en nous regroupant et vous en êtes la preuve! Merci à vous !
A bientôt
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Rencontre avec le maire de Briare
Après l’annonce du maire de Briare, Pierre-François Bouguet à la fin du conseil municipal du 9 octobre 2023, que l’exploitation d’une carrière à Briare ne pourrait pas avoir lieu, nous avons tenu à le rencontrer. Trois représentants de notre collectif ont été reçus dans la salle des Conseils le 26 octobre, et ont pu échanger longuement avec le Maire et son adjoint aux Bâtiments et espaces publics, Dominique Girault.
Cette rencontre a permis de présenter notre collectif au Maire, de lui expliquer que notre travail non partisan reposait sur des connaissances et un réseau scientifique et humain étendu, que nos objectifs étaient avant tout de constituer une force de proposition (et de contestation) autour d’enjeux écologiques et de développement territorial, et enfin que ce collectif s’engageait sur la durée et restera actif même si le dossier de Lafarge n’a pas été déposé en préfecture.
Le Maire nous a affirmé son opposition personnelle à ce projet, sans toutefois souhaiter la faire apparaître comme une position officielle de la mairie de Briare. Nous avons pris acte de cet engagement oral, que nous saluons, mais cette position individuelle renforce notre détermination à maintenir notre vigilance car nous restons persuadés que Lafarge déposera un jour ou l’autre son projet. Le Maire se dit par ailleurs prêt à collaborer avec notre collectif dans la mesure où nous disposons de compétences qui peuvent être utiles à la prise de décision. Nous serons donc, en principe, destinataires des informations concernant d’autres projets du même type que celui de Lafarge.
Le combat n’est donc pas terminé et nous invitons chacun et chacune à rester mobilisé avec nous pour protéger l’environnement naturel de la commune et le cadre du débat démocratique de Briare, et au-delà. Au total : le projet Lafarge est retoqué pour 2023 et probablement pour cette mandature mais reste possible après.
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La question des quotas ou pourquoi Lafarge ne va pas installer de carrière pour le moment à Briare ?
D’après nos recherches et nos sources d’information, nous avons compris que l’arrêt momentané du projet Lafarge à Briare repose sur deux points :
- D’une part, les autorisations d’installation de carrières dans les lits majeurs des fleuves et rivières obéissent à des normes. Elles sont définies au niveau régional et déclinées ensuite au niveau départemental. Les autorisations reposent sur des critères que l’on appelle des « quotas » et qui définissent la quantité de granulats extractibles par an et par région (puis par département). En région Centre-Val de Loire, à la fin des années 90, l’état de surexploitation de certaines vallées de la région a conduit les services de l’État à fixer, en concertation avec la profession, un objectif annuel de réduction des extractions en lit majeur. Depuis 2010, cet objectif est inscrit dans le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) Loire-Bretagne. Plus précisément, la disposition 1F-2 du SDAGE 2016-2021 prévoit une réduction progressive des extractions d’alluvions dans les lits majeurs, de 4 % par an. (Cf Observatoire régional des carrières Région Centre) Or, les quotas d’extraction sont dépassés dans le Loiret pour 2023 et donc aucune carrière de granulats alluvionnaires ne peut avoir d’autorisation d’exploitation en 2023. Bien que nous ayions identifié l’existence de ces quotats dans nos recherches, nous n’avions pas connaissance que les quotas étaient atteints pour 2023 et à quel stade de l’étude du projet, cette régle pouvait arrêter le projet. C’est le département qui a fourni l’information aux élus de Briare suite à la demande d’un particulier, semble-t-il.
- D’autre part, Lafarge qui était très certainement au courant de ces quotas, n’a pas déposé de dossier de demande en préfecture pour sa carrière. En revanche, l’entreprise a bien rencontré par deux fois en 2023 des membres du conseil municipal de Briare (une fois à la mairie, et une fois sur le site d’extraction et de concassage de Dordive), ainsi que la Communauté de communes en 2022. Lors de ces rencontres, elle a présenté son projet et diffusé un document d’information. Ceci probablement dans l’intention de faire modifier le PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal), une étape préalable essentielle à la demande d’exploitation. Les hésitations du Conseil Municipal d’une part, nos actions d’autre part, ont abouti à ce qu’aucune demande de modification du PLUi ne soit faite à la Communauté des Communes.
Pourquoi il faut rester vigilants et mobilisés ?
Ce qui précède mérite trois points de réflexion supplémentaires :
- Tout d’abord, les quotas d’extraction du Loiret peuvent parfaitement être modifiés l’année prochaine ou plus tard si jamais, par exemple, l’une des 7 carrières en activité dans un lit majeur de rivière dans le département du Loiret venait à s’arrêter. Ou encore pour d’autres raisons techniques, administratives ou autres : par exemple, il existe des mécanismes dérogatoires et des possibilités d’échanges de quotas entre départements. Alors, les quotas du Loiret seraient relevés et permettraient au projet de Lafarge à Briare d’être déposé en préfecture.
- Ensuite, pour que Lafarge puisse installer sa carrière à Briare, au plan administratif il faut d’une part un accord de la mairie et d’autre part une modification du PLUI (Plan local d’urbanisme intercommunal) : le terrain que possède Lafarge à Briare est en effet un terrain à vocation agricole, et il faudrait donc en modifier la vocation, ce que la Communauté de communes peut faire.
- Enfin, Lafarge, bien que connaissant parfaitement le mécanisme des quotas, a tenu à rencontrer par trois fois nos élus locaux : cela signifie que l’entreprise a une stratégie sur le long terme. Elle possède ses 158 ha de terrain, elle a planté il y a 30 ans des rangées d’arbres, et elle a les reins assez solides et un cynisme à toute épreuve, ce qui lui permet d’attendre – voire de susciter – une éventuelle modification des quotas et surtout du PLUI. D’où, très certainement, la présentation de son projet devant la Communauté de communes en 2022.
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Qu’est-ce que l’entreprise Lafarge ?
Un peu d’histoire…
Du 19ème à 2015: expansion internationale d’un groupe familial
L’entreprise naît en 1833 quand Auguste Pavin de Lafarge reprend l’exploitation d’une carrière située en Ardèche, appartenant à sa famille depuis 1749. L’entreprise familiale affiche rapidement une ambition internationale
Elle résistera assez bien aux difficultés liées à la 1ère guerre mondiale, notamment grâce à ses implantations à l’étranger (création d’une filiale au Royaume-Uni puis au Canada). La société se sort bien aussi de la 2nde guerre mondiale, grâce en particulier à ses activités en Algérie, Maroc et Tunisie.
A la Libération, l’usine mère en Ardèche est mise sous séquestre car la société est accusée d’avoir livré du ciment au groupe de génie civil et militaire de l’Allemagne nazie Todt. Séquestre qui sera levé en juin 1946.
A partir de 1947, la famille Lafarge ne dirige plus l’entreprise. Elle restera cependant majoritaire au capital jusque dans les années 1960.
Lafarge profite des glorieuses années d’après-guerre. À cette période, elle réalise 35 % de ses activités dans les anciennes colonies. Cotée à la bourse de Londres depuis 1972, la société mère devient une holding ( société qui prend des participations financières dans d’autres sociétés et qui en dirige ou contrôle l’activité) en 1974. Suivent ensuite de nombreuses acquisitions (« General Portland » aux USA, le belge Coppée, puis Portland Zementwerk en Allemagne ainsi que des sociétés à travers toute l’Europe. Puis Cementia, numéro deux du ciment suisse lui permet de développer ses positions en Europe et en Afrique de l’est, après s’être implanté au Cameroun et en Afrique sub-saharienne. Le groupe s’implante ensuite en Asie à partir de 1999. D’abord en Inde, puis la fusion avec l’australien Boral lui ouvre les marchés d’Asie du Sud-Est, de la Chine et du Japon. Les portes du marché moyen-oriental lui sont ouvertes en 2008 avec l’acquisition d’Orascom Cement, leader cimentier du Moyen-Orient et du Bassin Méditerranéen.
En 2015, le groupe fusionne avec le leader suisse Holcim, confortant sa position de leader mondial.
Sources:
Les méfaits du groupe Lafarge
Lafarge et les pollutions
Le groupe suisse LafargeHolcim est incriminé dans de nombreuses affaires.
Un rapport de Greenpeace Suisse estime qu’il est responsable ou devrait assumer la responsabilité d’au moins 122 cas de pollution environnementale et de violation des droits de l’homme dans 34 pays différents.
Et bien d’autres lieux, comme : La Seine, Bouc-Bel-Air, Martres-Tolosane, Beocin en Serbie, et bien d’autres…
Lafarge en Syrie
– Inculpation aux USA:
Lafarge SA et sa filiale Lafarge Cement Syria ont d’ores et déjà été jugées, en octobre 2022 pour avoir conspiré afin de fournir une aide et des ressources importantes à l’État islamique d’Irak et du Shâm (ISIS) et au Front al-Nosra (ANF), tous deux désignés comme des organisations terroristes étrangères par les États-Unis. Après avoir plaidé coupable, les 2 groupes ont été condamnés à une probation et à payer les sanctions financières totalisant 777,78 millions de dollars.
« En pleine guerre civile, Lafarge a fait le choix impensable de mettre de l’argent entre les mains de l’ISIS, l’une des organisations terroristes les plus barbares de la planète, afin de pouvoir continuer à vendre du ciment », a déclaré Me Peace, Procureur des États-Unis. « Lafarge n’a pas fait cela simplement en échange de la permission d’exploiter son usine de ciment, ce qui aurait déjà été suffisamment préjudiciable, elle l’a aussi fait pour tirer parti de sa relation avec l’ISIS à des fins économiques, demandant l’aide de cette organisation pour porter un coup à sa concurrence en échange d’une part de ses ventes.
https://www.justice.gov/usao-edny/pr/lafarge-plaide-coupable-quant-sa-conspiration-ayant-permis-de-fournir-une-aide– Inculpations en France :
« Une information judiciaire a été ouverte en 2017. Le groupe Lafarge, maintenant filiale d’Holcim, est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014 plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes dont l’organisation Etat islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie alors que le pays s’enfonçait dans la guerre. », nous apprend le Monde du 18 mai 2022.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/18/affaire-lafarge-en-syrie-la-mise-en-examen-pour-complicite-de-crimes-contre-l-humanite-confirmee_6126665_3224.htmlAprès de nombreux recours de la part de Lafarge, la Cour de cassation a annoncé le mardi 3 octobre 2023 qu’elle réexaminera le 21 novembre le pourvoi du cimentier français Lafarge qui conteste sa mise en examen pour mise en danger des salariés syriens et complicité de crime contre l’humanité lors de la guerre en Syrie entre 2012 et 2014. La cour de cassation, après un premier recours de Lafarge avait par ailleurs, en septembre 2021, confirmé la mise en examen de Lafarge SA pour un autre chef d’inculpation, celui de financement d’entreprise terroriste.
Et localement ? Un exemple :
Au lieu-dit « Rivotte », se tenait la plus ancienne maison éclusière de Briare, construite aux environs de 1732. Les Sablières de la Seine, filiale de Lafarge ayant acquis près de 180ha de terres agricoles à Briare, s’en étaient retrouvées propriétaires en 1994. La rénovation de la maison éclusière ainsi qu’un certain nombre d’aménagements avaient été annoncés par Lafarge. Mais la Maison-blanche, comme elle était appelée par les Briarois, a été abandonnée, pillée et squattée, alors que Lafarge en était propriétaire. En septembre 2017, Lafarge a déposé un permis de démolir. En septembre 2018, il ne reste qu’un bout de mur où on doit pouvoir identifier les plus grandes crues qui y étaient notées. Pour faire passer la pilule, Emilie de Oliveira annonçait dans le Journal de Gien en 2018 que serait créé « un projet dédié à La Loire, à sa biodiversité ». Paroles, paroles….
CONCLUSION :
Quelle confiance peut-on faire à un groupe tentaculaire qui semble préférer garantir ses profits et ses installations au mépris du patrimoine, de la santé des riverains, de la protection de l’eau et du fleuve, voire au prix du financement d’activités terroristes ?
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Sentier Historique de la Vallée des rois
La parcelle, détenue par Lafarge est longée, côté Loire, par le GRP (sentiers de « Grande Randonnée de Pays »), Sentier historique de la Vallée des Rois, en rouge sur la carte ci-dessous. De l’autre côté, la parcelle est longée par la route de Gien, la Départementale D952. La partie qui sera exploitée par la carrière est matérialisée en vert.
Du côté de la route, l’impact paysager a été anticipé par une haie d’arbres principalement composée de résineux et qui borde la départementale. La haie n’ a pas été plantée sur tout le long de la parcelle, mais uniquement le long de la moitié droite:
Cette haie n’est pas vraiment occultante : en dépit de ses 4 rangées d’arbres, ceux-ci étant en mauvaise santé, ils occultent mal et on peut voir le champ où sera installée la carrière à travers les espaces qui les séparent.
Il sera donc difficile d’ignorer cette carrière depuis la départementale. L’entrée dans Briare par la route sera donc marquée par cette emprise visuelle de la carrière. Comment concilier le spectacle des camions, de la poussière et des pelleteuses avec le Label « 4 Fleurs » dont s’enorgueillit Briare, et qui récompense « l’engagement des communes en faveur de l’amélioration de la qualité de vie et la stratégie globale d’attractivité mise en place à travers le fleurissement, le paysage et le végétal » ?
Le sentier historique de la Vallée des rois est une alternative au GR3, sentier des bords de Loire, décrit ainsi par la Fédération française de randonnée du Loiret :
« GRP® 3 – Sentier des bords de Loire (150 km dans le Loiret de Bonny à Beaugency). Il parcourt le Val de Loire, berceau de la Renaissance, qui présente une densité exceptionnelle de monuments historiques des 15ème et 16ème siècles. A côté de ces sites de notoriété internationale, le Val de Loire dispose d’un patrimoine touristique varié : paysages du fleuve sauvage, faune et flore, vastes forêts et patrimoine de la viticulture et de la marine de Loire« .
Indiqué dans les sites de randonnée, ce sentier est accessible depuis le Pont Canal, et comme on peut le constater sur place, il y a régulièrement des cyclistes et des marcheurs qui l’empruntent. Sur le site de Visorando, le trajet fait partie de la randonnée qui relie Gien à Cosne-Cours-sur-Loire. il fait également partie du « Circuit de Trousse-bois » qui relie le pont Canal au parc naturel départemental de Trousse-Bois en passant par Saint Brisson et Rivotte. Autrement-dit, ce sentier et le paysage à l’entour font partie d’un ensemble touristique plus vaste, dont les randonneurs et cyclistes qui l’empruntent aimeraient sans doute qu’il conserve son caractère paisible.
Le sentier comporte deux balisages : le balisage rouge-jaune du GRP et un balisage pour les VTT. Une haie de divers arbustes sépare le sentier du champs cultivé (propriété de Lafarge), mais cette haie est irrégulière et comporte des ouvertures où la vue donne sur les champs. On verra donc la carrière depuis ce sentier pédestre, et surtout, on l’entendra. Inutile de dire que la ballade perdra radialement de son charme et ne sera plus vraiment conforme à la description du sentier par la Fédération française de randonnée.
Avec l’installation d’une carrière dans la parcelle Lafarge, on passera d’un charmant et bucolique endroit, aux désagréments du bruit des moteurs, du raclement des pelleteuses sur la roche, à la poussière répandue dans les environs, sans parler de l’accès routier au rond point qui devra être construit et aura également un impact visuel. Un paysage de camions et de machines creusant un immense trou dans l’espace du lit majeur de la Loire.
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Légitimité et Légalité
Si un projet est légal, est-il alors forcément légitime ou dépourvu de risques ?
Quand nous énonçons nos arguments contre le développement d’une carrière en bord de Loire à Briare, nous entendons parfois l’argument suivant : « le projet est respectueux des lois en vigueur, il n’y a donc pas de raisons de s’y opposer ». Dit autrement, on entend : « c’est dans les clous de la légalité, il n’y a pas de problème, circulez, il n’y a rien à voir ». Le législateur aurait déjà réfléchi à tout, il aurait tout prévu, et la loi nous protègerait parfaitement.
Nous avons vu par le passé que la réglementation a un temps de décalage par rapport au développement de notre société. L’esclavagisme était il légitime quand il était légal ? Le droit de vote réservé uniquement aux hommes était-il légitime quand il était légal ?
Les hommes et femmes politiques doivent entendre qu’ils et elles ne peuvent pas se retrancher derrière le respect de la législation pour justifier de la légitimité de toutes leur décisions. Par ailleurs, ce légalisme conduit à négliger le fait que, bien souvent, les luttes écologistes de contestation, lorsqu’elles ont réussi, ont fait évoluer les cadres techniques et juridiques de la gestion de l’environnement. Dans le cas des fleuves et rivières, il est maintenant reconnu que c’est suite aux mobilisations écologistes des années 1980 que les aménageurs sont passés d’une doctrine très techniciste de l’aménagement consistant à intervenir fortement pour transformer les bassins versants par la création de barrages à une conception du « ménagement » des cours d’eaux plus économique en financements et plus respectueuse des équilibres naturels (voir :
Sylvain Rode, « De l’aménagement au ménagement des cours d’eau : le bassin de la Loire, miroir de l’évolution des rapports entre aménagement fluvial et environnement », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Environnement, Nature, Paysage, document 506.).
Se retrancher derrière la législation, c’est donc faire preuve d’un manque de clairvoyance, de courage et d’honnêteté intellectuelle. Plutôt que de dire qu’on ne peut pas s’opposer au développement d’un projet de carrière à Briare sous prétexte qu’il est légal, les élus et l’ensemble des personnes impactées par ce projet devraient se poser les questions suivantes :
- Est-il légitime que l’exploitation d’une carrière impacte durablement le paysage de Loire ?
- Est-il légitime de faire subir des nuisances (bruit, poussière, baisse du niveau des puits) aux riverains de la carrière ?
- Est-il légitime qu’une seule et même entreprise use plus que la normale les routes en évacuant ses granulats ?
- Est-il légitime de bouleverser un écosystème et une biodiversité dont nous sommes hautement dépendants ?
- Est-il légitime de diminuer les surfaces agricoles ?
- Est-il légitime de favoriser le développement d’une entreprise (cimenterie) hautement émettrice de CO² ? Ne pourrait on pas encourager davantage le développement d’autres modes constructifs, moins énergivores ?
- Est-il légitime d’autoriser le groupe Lafarge à développer son activité alors que cette entreprise a commis d’énormes délits et a trompé plusieurs Etats dont les USA et la France?
Lafarge a été condamnée par un tribunal américain pour financement du terrorisme en Syrie (voir : ) et fait l’objet en France d’une enquête pour crime contre l’humanité. Peut-on croire, dans ces conditions, les promesses et engagements de cette entreprise et lui accorder la moindre confiance ?
Est-ce intelligent et responsable de notre part à nous, citoyens, de nous endormir en pensant que la loi a tout prévu pour nous ? La législation évolue toujours parce qu’on la critique, et c’est cela qui la rend vivante et respectée.
En l’occurrence nous pensons que la législation sur les carrières est largement en retard sur l’actualité du bouleversement climatique, et on peut espérer que c’est en s’opposant à des projets comme l’implantation d’une carrière dans le lit majeur de la Loire qu’on contribue le mieux à une évolution de cette législation pour qu’elle soit plus respectueuse de l’environnement et de la démocratie locale. Il est ainsi absurde que les carrières n’entrent pas dans la nomenclature de l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » inscrit dans la loi « Climat et Résilience » de 2022, comme le dénonce le Museum National d’Histoire Naturelle.
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Jouer collectif, sans incarnation
Protégeons Briare s’est constitué en collectif, en d’autres termes il s’agit d’un groupe de citoyens qui se réunit avec un objectif commun: s’opposer à la création d’une carrière en bord de Loire, à Briare, dans le Loiret. Dans notre section « à propos », nous aurions pu afficher une photo et les noms des personnes qui composent le groupe, avec un chef du groupe, qui serait à l’initiative de ce collectif. Mais si nous nous sommes regroupés, ce n’est pas pour nous mettre en avant à titre personnel, mais pour mettre en discussion nos arguments et justifier notre opposition au projet écocide et extractiviste de carrière Lafarge.
Nous sommes convaincus qu’il est plus important de se concentrer sur le fond que sur la forme. Nous avons tous été témoins de paroles importantes qui ont été discréditées par des attaques ad hominem désignant le messager plutôt que le message. Greta Thunberg est un très bon exemple : plutôt que de chercher à contre-argumenter, les attaques ont critiqué son âge, son physique ou son genre. Qui n’a pas déjà entendu ce type de phrase: « Je n’ai pas à recevoir de leçon d’une gamine de 16 ans, elle ne connait rien à la vie »?
Un visage mis en avant au sein d’un groupe peut-être assimilé à son chef, or nous n’avons pas de chef. Nous ne suivons pas de « leader », seul l’objectif de s’opposer à une carrière nous fait travailler ensemble et jusqu’à présent, ça fonctionne plutôt bien. Nous ne nous cachons pas pour autant. Nous ne distribuons pas nos tracts avec des cagoules, et nous demandons des rendez-vous avec des hommes et femmes politique en utilisant nos patronymes. Nous relayons notre lutte autour de nous sans nous cacher mais il est inutile que le collectif soit incarné. Faisons de la place à l’intelligence collective, plutôt qu’à un fonctionnement politique hiérarchisé et centralisé qui ne correspond plus aux enjeux et aspirations contemporains.
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PREMIERES NOUVELLES
Si vous n’êtes pas inscrit à notre lettre d’info, il est toujours possible de le faire. Vous trouverez ci-dessous la lettre d’information du 15 Septembre 2023
Bonjour,
Nous sommes contents de vous compter parmi nous, en ayant accepté de recevoir cette lettre d’information. Vous lisez sa première édition et nous adorerions que ce soit la dernière, ce qui signifierait que Lafarge se rétracte officiellement ou que les élus de Briare leur ferment définitivement la porte pour le reste de leur mandat.
Récapitulatif de nos actions
Il nous a semblé qu’une urgence se dessinait début juillet quand les élus municipaux de Briare ont communiqué peu clairement sur leur intention de prendre une décision sur la demande d’un changement de PLUi (plan local d’urbanisme intercommunal) à la com’com (communauté de communes). Nous avons interprété ce message comme une résolution de mise à l’ordre du jour au prochain conseil municipal de Briare. Cette demande à la com’com n’est pas anodine, c’est un pas plus important que l’on ne croit vers la création d’une carrière à Briare. En effet, transformer des terres agricoles en terres à urbaniser n’est pas sans conséquence. Sur de tels enjeux, il est important de savoir qu’un projet est plus facile à arrêter au tout début de sa conception. Mais faut-il encore que nous soyons informés du projet pour avoir un avis personnel favorable ou défavorable sur son développement.
C’est pour cette raison que:
– nous nous sommes attelés à créer un tract que nous avons distribué dans les boites aux lettres des Briarois,
– nous avons créé un site internet où nous avons diffusé les recherches que nous avions regroupées ces derniers mois, à savoir une description du projet, les conséquences d’une carrière sur son environnement et toutes les questions sans réponses que ce projet soulève,
– nous avons interpelé personnellement par email l’ensemble des élus municipaux de Briare, sur les conséquences de leur vote favorable à une demande de changement de PLUi à la com’com’.
Malheureusement, notre demande de rendez-vous aux adjoints concernés des élus de la majorié de Briare n’a pas été satisfaite. Nous avons eu cependant des échanges par email où nous avons appris qu’une résolution du changement de PLUi n’était pas à l’ordre du jour du prochain conseil municipal, mais que le conseil municipal allait se réunir pour débattre du sujet.
Que faire maintenant ?
C’est à nous, citoyens de Briare, habitants de la communauté de commune Loire Berry Puisaye, attachés à la Loire, à son paysage et à son environnement, de nous préoccuper de ce projet.
Chacun à son échelle peut faire en sorte que ce projet soit discuté, débattu. Faites le en famille, entre amis, autour d’un verre. Il est important que l’information soit diffusée le plus massivement possible. Si vous rencontrez des amis, des connaissances qui sont également contre ce projet, sollicitez les pour les inscrire à cette lettre d’information. Plus nous serons nombreux plus notre avis comptera sur les décisions politiques de nos territoires.
Merci à tous pour votre aide.