Un peu d’histoire…
Du 19ème à 2015: expansion internationale d’un groupe familial
L’entreprise naît en 1833 quand Auguste Pavin de Lafarge reprend l’exploitation d’une carrière située en Ardèche, appartenant à sa famille depuis 1749. L’entreprise familiale affiche rapidement une ambition internationale
Elle résistera assez bien aux difficultés liées à la 1ère guerre mondiale, notamment grâce à ses implantations à l’étranger (création d’une filiale au Royaume-Uni puis au Canada). La société se sort bien aussi de la 2nde guerre mondiale, grâce en particulier à ses activités en Algérie, Maroc et Tunisie.
A la Libération, l’usine mère en Ardèche est mise sous séquestre car la société est accusée d’avoir livré du ciment au groupe de génie civil et militaire de l’Allemagne nazie Todt. Séquestre qui sera levé en juin 1946.
A partir de 1947, la famille Lafarge ne dirige plus l’entreprise. Elle restera cependant majoritaire au capital jusque dans les années 1960.
Lafarge profite des glorieuses années d’après-guerre. À cette période, elle réalise 35 % de ses activités dans les anciennes colonies. Cotée à la bourse de Londres depuis 1972, la société mère devient une holding ( société qui prend des participations financières dans d’autres sociétés et qui en dirige ou contrôle l’activité) en 1974. Suivent ensuite de nombreuses acquisitions (« General Portland » aux USA, le belge Coppée, puis Portland Zementwerk en Allemagne ainsi que des sociétés à travers toute l’Europe. Puis Cementia, numéro deux du ciment suisse lui permet de développer ses positions en Europe et en Afrique de l’est, après s’être implanté au Cameroun et en Afrique sub-saharienne. Le groupe s’implante ensuite en Asie à partir de 1999. D’abord en Inde, puis la fusion avec l’australien Boral lui ouvre les marchés d’Asie du Sud-Est, de la Chine et du Japon. Les portes du marché moyen-oriental lui sont ouvertes en 2008 avec l’acquisition d’Orascom Cement, leader cimentier du Moyen-Orient et du Bassin Méditerranéen.
En 2015, le groupe fusionne avec le leader suisse Holcim, confortant sa position de leader mondial.
Sources:
Les méfaits du groupe Lafarge
Lafarge et les pollutions
Le groupe suisse LafargeHolcim est incriminé dans de nombreuses affaires.
Un rapport de Greenpeace Suisse estime qu’il est responsable ou devrait assumer la responsabilité d’au moins 122 cas de pollution environnementale et de violation des droits de l’homme dans 34 pays différents.
Et bien d’autres lieux, comme : La Seine, Bouc-Bel-Air, Martres-Tolosane, Beocin en Serbie, et bien d’autres…
Lafarge en Syrie
– Inculpation aux USA:
Lafarge SA et sa filiale Lafarge Cement Syria ont d’ores et déjà été jugées, en octobre 2022 pour avoir conspiré afin de fournir une aide et des ressources importantes à l’État islamique d’Irak et du Shâm (ISIS) et au Front al-Nosra (ANF), tous deux désignés comme des organisations terroristes étrangères par les États-Unis. Après avoir plaidé coupable, les 2 groupes ont été condamnés à une probation et à payer les sanctions financières totalisant 777,78 millions de dollars.
« En pleine guerre civile, Lafarge a fait le choix impensable de mettre de l’argent entre les mains de l’ISIS, l’une des organisations terroristes les plus barbares de la planète, afin de pouvoir continuer à vendre du ciment », a déclaré Me Peace, Procureur des États-Unis. « Lafarge n’a pas fait cela simplement en échange de la permission d’exploiter son usine de ciment, ce qui aurait déjà été suffisamment préjudiciable, elle l’a aussi fait pour tirer parti de sa relation avec l’ISIS à des fins économiques, demandant l’aide de cette organisation pour porter un coup à sa concurrence en échange d’une part de ses ventes.
https://www.justice.gov/usao-edny/pr/lafarge-plaide-coupable-quant-sa-conspiration-ayant-permis-de-fournir-une-aide
– Inculpations en France :
« Une information judiciaire a été ouverte en 2017. Le groupe Lafarge, maintenant filiale d’Holcim, est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014 plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes dont l’organisation Etat islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie alors que le pays s’enfonçait dans la guerre. », nous apprend le Monde du 18 mai 2022.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/18/affaire-lafarge-en-syrie-la-mise-en-examen-pour-complicite-de-crimes-contre-l-humanite-confirmee_6126665_3224.html
Après de nombreux recours de la part de Lafarge, la Cour de cassation a annoncé le mardi 3 octobre 2023 qu’elle réexaminera le 21 novembre le pourvoi du cimentier français Lafarge qui conteste sa mise en examen pour mise en danger des salariés syriens et complicité de crime contre l’humanité lors de la guerre en Syrie entre 2012 et 2014. La cour de cassation, après un premier recours de Lafarge avait par ailleurs, en septembre 2021, confirmé la mise en examen de Lafarge SA pour un autre chef d’inculpation, celui de financement d’entreprise terroriste.
Et localement ? Un exemple :
Au lieu-dit « Rivotte », se tenait la plus ancienne maison éclusière de Briare, construite aux environs de 1732. Les Sablières de la Seine, filiale de Lafarge ayant acquis près de 180ha de terres agricoles à Briare, s’en étaient retrouvées propriétaires en 1994. La rénovation de la maison éclusière ainsi qu’un certain nombre d’aménagements avaient été annoncés par Lafarge. Mais la Maison-blanche, comme elle était appelée par les Briarois, a été abandonnée, pillée et squattée, alors que Lafarge en était propriétaire. En septembre 2017, Lafarge a déposé un permis de démolir. En septembre 2018, il ne reste qu’un bout de mur où on doit pouvoir identifier les plus grandes crues qui y étaient notées. Pour faire passer la pilule, Emilie de Oliveira annonçait dans le Journal de Gien en 2018 que serait créé « un projet dédié à La Loire, à sa biodiversité ». Paroles, paroles….
CONCLUSION :
Quelle confiance peut-on faire à un groupe tentaculaire qui semble préférer garantir ses profits et ses installations au mépris du patrimoine, de la santé des riverains, de la protection de l’eau et du fleuve, voire au prix du financement d’activités terroristes ?